Récits ferroviaires – L’attaque de la diligence

 

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Cela ressemble à une attaque de diligence. Mais c’est dans le TGV-A que ça se passe. Une femme fait irruption dans la rame, en entrant du côté de la voie ferrée. Massive, hommasse, tonitruante, elle informe d’emblée la société qu’elle préfèrerait ne pas en être réduite à cela, que la vie ne l’a pas aidée et que ce qu’elle a accompli, elle est la dernière à l’avoir voulu. Mais elle n’aurait pas fait un enfant sans homme et « Ne me jugez pas, mesdames et messieurs, mais j’ai moi-même été une enfant de l’assistance publique et je ne voulais pas faire à un enfant ce que l’on m’avait fait à moi-même. J’ai préféré avorter et je peux vous le dire, ce n’était pas de gaité de cœur. Et maintenant… Le train va partir. Le temps est à l’alerte. Il s’agit d’ouvrir sa bourse. Et vite. Ce n’est pas le moment de refaire le monde, de prendre parti pour ou contre, d’afficher ostensiblement ses positions sur un sujet de société. On est quasiment en situation de hold-up. En quelques secondes, on renvoie une femme ravagée, à la rue dont elle est issue. Les passagers ouvrent leur bourse. Ma voisine, une femme sans âge, grise, mais dont on peut parier qu’elle a trainé ses semelles dans toutes les manifestations et commandos anti-avortement, y va de sa pièce et de ses mots de réconfort.

 

 

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