Pilou-pilou – La Chantal

 

 

Trois jours de tournoiements dans la ville, accompagnés d’agents immobiliers mielleux, canailles, avides. Avant toute visite, on me prévenait : l’immeuble est « bien habité »; expression dont j’ai peu à peu saisi le sens : ici, pas d’arabes. Venant de contrées plus au nord à une époque où les « thèses » frontistes n’attiraient qu’un français sur dix, cette obsession de l’étranger à éviter en toute priorité m’avait sidérée. Plus tard, des réflexions, des blagues de collègues pourtant bien éduqués m’avait ouvert les yeux sur la pénétration profonde des idées racistes dans ce beau pays de soleil, de mer et de corruption. La Méditerranée a deux rives, et les Pieds Noirs ont la rancune tenace vis à vis de ceux d’en face, qui, après les avoir chassés ont l’outrecuidance de venir travailler ici dans les emplois les plus pénibles, mais sans être traités comme des domestiques naturels.

Bref, je visitais des appartements tristes, déglingués bruyants, mais blancs.

C’était ici:

 

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Vue sur mer, mais également sur un grand rond-point agité. La propriétaire est un professeur las, contente d’enseigner en collège parce qu’il y a « peu de travail », et que l’on peut aller souvent à la plage. Vocation, quand tu nous tiens…

 

Ou là :

 

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La mer est à deux pas, mais de l’autre coté de l’immeuble. La vue est imprenable sur un parking bien fourni, et l’environnement est gravement bétonné.

 

Ou encore là, plus pittoresque :

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Lorsque l’on ouvre la porte, un écriteau conseille de bien la fermer pour éviter les rats. L’appartement lui-même est tout juste digne d’un rat, effectivement.

 

Et d’autres, et d’autres… à donner envie d’être riche, de pouvoir envisager ces charmantes villas avec leur petit jardinet, les belles résidences donnant sur mer du très bourgeois Cap Brun. Mais les finances sont à marée basse, il a fallu se rabattre sur La Chantal !

 

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