A la très-chère, à la très-belle
Qui remplit mon cœur de clarté,
A l’ange, à l’idole immortelle,
Salut en l’immortalité ! Baudelaire
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JE DÉDIE CETTE BELLE FEMME NUE A GEORGES WOLINSKI.
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Souviens-toi des foules en attente
Et de l’espoir trouvé,
De l’épaisseur commune
Où vous aviez racine,
De l’espace innocent
Où vous chantiez un chant
De glorieuses corolles
Que l’espace voulait
Porter vers d’autres jours. Guillevic
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Son manteau traînait comme un soleil couchant
et les perles de son collier étaient belles comme des dents.
Une neige de seins qu’entourait la maison
et dans l’âtre un feu de baisers.
Et les diamants de ses bagues étaient plus brillants que des yeux. Desnos
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Oh! de même être nus, chercher joie et repos,
Le front tourné vers sa portion glorieuse
Et libres tous les deux murmurer des sanglots ? Rimbaud
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Nuit de chairs confrontées
Nuit de sangs confondus
Nous aurons bu ta flamme
Jusqu’à brûler notre ombre
A rompre enfin le cri François Cheng
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Ô le bel éclair
Entre chair et chair
Qu’échangent les cœurs Paul Valery
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C’est ainsi que je te voulais
sur le grand lit écartelée
et toute pudeur en allée
Je t’ai connue tulipe close
puis un vent noir nous emporta
vers de pourpres jardins aux roses
où tu naquis entre des draps
Souveraine et impénitente
nue mais plus nue de le savoir
pour les solennelles ententes
de nos nuits comme des mouroirs
C’est ainsi que je t’ai volée
sur le grand lit écartelée
et toute pudeur en allée Louis Calaferte
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Il y a le cri des Sabines au moment de l’enlèvement
Le chant nuptial de la Sulamite
Je suis belle mais noire
Et le hurlement de Jason
Quand il trouva la toison
Et le mortel chant du cygne quand son duvet se pressait entre les cuisses
bleuâtres de Léda
Il y a le chant de tout l’amour du monde
Il y a entre tes cuisses adorées Madeleine
La rumeur de tout l’amour comme le chant sacré de la mer bruit tout entier
dans le coquillage Apollinaire
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Mise à nue dans la dentelle
la bouche parfumée
le pipi coule de ses jambes
L’odeur maquillée de la fente
est laissée au vent du ciel
un nuage
dans la tête
se réfléchit à l’envers
une merveilleuse étoile
tombe
cœur criant comme la bouche
le cœur manque
un lis est brûlant
le soleil ouvre la gorge.
Georges Bataille
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Du temps que la Nature en sa verve puissante
Concevait chaque jour des enfants monstrueux,
J’eusse aimé vivre auprès d’une jeune géante,
Comme aux pieds d’une reine un chat voluptueux.
J’eusse aimé voir son corps fleurir avec son âme
Et grandit librement dans ses terribles jeux ;
Deviner si son coeur couve une sombre flamme
Aux humides brouillards qui nagent dans ses yeux ;
Parcourir à loisir ses magnifiques formes ;
Ramper sur le versant de ses genoux énormes,
Et parfois en été, quand les soleils malsains,
Lasse, la font s’étendre à travers la campagne,
Dormir nonchalamment à l’ombre de ses seins,
Comme un hameau paisible au pied d’une montagne. Baudelaire
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