Fouillis (forêt de Huelgoat)

 

Textes extraits de poèmes de Giuseppe Ungaretti

 

 

D’une fleur cueillie à l’autre offerte
l’inexprimable rien

 

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Le Bois Capuchon
a une pente
de velours vert
comme une douce bergère

Sommeiller là
tout seul
dans un café lointain
sous la clarté grêle
comme celle
de cette lune

 

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J’écoute le printemps parmi les branches noires endolories
C’est à cette heure seulement que je peux le suivre en me glissant entre les maisons seul avec mes pensers.
C’est l’heure des fenêtres closes, mais cette tristesse des retours m’a ôté le sommeil.
Un voile de verdure demain matin fera naître de la tendresse de ces arbres encore secs tout à l’heure quand est tombée la nuit…

 

 

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En écoutant le ciel
Épée matutinale
Et la colline qui lui grimpe sur les genoux
Je retourne à l’accord coutumier.

Quelque arbre exténués
Pressent le pied de la pente.

Du grillage des branches
Je vois renaître des ailes.

 

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Quand elle s’y abat,
Aux beaux feuillages vient
Une triste couleur de rose.

Détruisant les ravins, buvant les fleuves,
Broyant les rocs, splendide,
Elle est rage têtue, impitoyable,
Dispersant l’espace, aveuglant les bornes,
C’est la saison d’été qui dans les siècles
Avec ses yeux calcinants
Décharne le squelette de la terre.

 

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Et les arbres et la nuit
Sans plus le moindre mouvement
Si ce n’est par les nids.

 

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Arbustes grêles, cils
De murmure caché.

Lividité plus pâle, ruineuse…

Un homme solitaire passe
Dans sa muette stupeur…

Conque brillante, tu jettes
Aux bouches du soleil!

Tu reviens, âme, comble de reflets
Et retrouves en riant
L’obscur…

Temps, fugace frisson…

 

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N’entends-tu pas, du platane
La feuille, n’entends-tu soudain crisse
Qui tombe au bord du fleuve sur les pierres ?

Ce soir , je veux parer ma déchéance:
Aux feuilles sèches on verra se conjoindre
Un éclair rose.

 

 

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Sous les écorces, les sèves, déjà
Comme à cause d’un vide, se réveillent,
Se délivrent, dans un délire de bourgeons :
Troublé, l’hiver dans son sommeil
– Et Février lunatique, en profite
Pour s’accourcir -,
Secrètement n’est plus livide.

 

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Dès le suintement de l’aube, ce signal : un arbre nu.

 

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Quand elle s’y abat,
Aux beaux feuillages vient
Une triste couleur de rose.

 

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Le songe même maintenant se tait
Le chêne même est nu
Mais à la roche toujours accroché.

 

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Où la lumière n’émeut plus de feuilles,
Soucis et songes débardés sur d’autres rives,
Où le soir s’est posé,
Viens je te porterai
Aux collines dorées.

 

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Arbustes grêles, cils
De murmure caché.

Lividité plus pâle, ruineuse…

Un homme, solitaire, passe
Dans sa muette stupeur…

Conque brillante, tu jettes
Aux bouches du soleil!

Tu reviens, âme, comble de reflets
Et retrouves riant
L’obscur…

Temps, fugace frisson…

 

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C’est aujourd’hui la première fois
Qu’il peut lui ouvrir les yeux
L’adolescent.

Hésites-tu, soleil ?

Avec une convoitise qui se cache
Tu l’aveugles de soucis.

 

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Je m’appuie à un arbre mutilé
abandonné dans cette combe
qui a la langueur
d’un cirque
avant ou après le spectacle
et je regarde
le passage paisible
des nuages sur la lune

 

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En écoutant le ciel
Épée matutinale
Et la colline qui lui grimpe sur les genoux
Je retourne à l’accord coutumier.

Quelques arbre exténués
Pressent le pied de la pente.

Du grillage des branches
Je vois renaître des ailes…

 

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L’interminable
temps
se sert de moi
comme d’un
bruissement

 

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Où la lumière n’émeut plus de feuilles,
Soucis et songes débardés sur d’autres rives,
Où le soir s’est posé,
Viens je te porterai
Aux collines dorées.

 

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Le songe même maintenant se tait.

Le chêne même est nu,
Mais à la roche toujours accroché.

 

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