Récits ferroviaires – Fil d’Ecosse

 

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Sa main est fine, son poignet cerclé de perles délicates, ses doigts portent des bagues discrètes, ses ongles sont peints d’un vernis juste nacré. Pantalon grège, petit pull blanc en fil d’Écosse, elle sort de son sac l’un de ces ouvrages de dame, un rond de broderie, avec des fils de soie, et elle brode, à la vue de tous, des fleurs, des bouquets champêtres, des oiseaux…

 

 

Je me souviens de sa stupeur et de sa honte. Il n’a regardé personne. Il n’a pas cherché l’approbation de la meute. De sa petite voix voilée, comme en ont souvent les jeunes maghrébins, il a dit, indigné : « Mais qu’est ce qui te prend ? » à celui qui devait être le chef de bande, le plus vieux …
Ils étaient entrés en braillant dans la rame de métro. quatre ou cinq enfants « turbulents » . Interrompant ma lecture. Parfois, il ne faut pas rencontrer leur regard. La réponse a été immédiate. Un crachat a atterri sur mon sac. « Ça vous arrive souvent ? » Parfois, on est avares de mots.
Le petit, lui aussi, était sous le choc. Il a sorti précipitamment un kleenex, est venu vers moi et il a essuyé le crachat. Spontanément. Immédiatement. « Mais qu’est ce qui te prend ?»…
Souvent, je pense à lui.

 

 

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