Pour être heureux, il faut de la géométrie (la finesse ne fait que compliquer la vie). Pour me trouver un toit, j’ai donc tracé sur le plan un disque permettant d’arriver à pied à mon lieu de travail en moins de 20 minutes. Cinq quartiers apparaissaient alors, ainsi que des no man’s lands que je n’avais pas le temps d’explorer. C’est évidemment dans ces entre-deux que le sage, comme la mauvaise herbe, peut s’épanouir. Mais le temps pressait.
Détaillons le plan :
1 – La « haute ville », retombée méditerranéenne des efforts du baron Haussmann pour rendre la ville cossue et orthogonale :
2 – La « basse ville ».
Délabrée, mal famée, bruyante… Et « Chicago », c’est un peu trop exotique.
3. – La Rode : quartier de tours pour classe moyenne.
Les édifices portent de charmants noms d’oiseau (le Colibri, la Mouette, le Goéland…) selon le principe que plus c’est laid, plus il faut le cacher.
4. Le port marchand.
Des barres d’immeubles, des tours, un résumé des erreurs de l’après-guerre.
Confrontée à tant de laideur, la municipalité a décidé de détruire la « Carte Postale », verrue la plus voyante du quartier : « Le Dimanche 30 Septembre 2001, la Carte postale est tombée dans un bruit sourd, 40 ans d’une présence familière, de souvenirs collectifs et de parcours humains, réduits à l’état de gravas en quelques secondes. «
L’immeuble a été remplacé par… un parking.
5. L’image suivante est celle d’une frontière, d’un Rideau de fer, d’un Mur de Berlin.
A gauche, le Port Marchand, ses barres d’immeubles, ses pauvres.
A droite, le Mourillon, ses petites rues pittoresques, ses villas charmantes, territoire de la Marine gradée où subsiste encore ce qu’il faut de pauvreté pour entretenir la vie et le spectacle du quartier.
Et c’est assez mignon, en plus…
Au fond: les barres d’immeubles du Port Marchand.
Qu’allais-je choisir ?
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