Le lieu de passe était situé dans les quartiers chics de Paris. Un studio dans un bel immeuble de la rue de Grenelle, dans le VIIe arrondissement.
Les policiers de la brigade de répression du proxénétisme ont interpellé l’homme qui gérait l’endroit. Présenté à un juge d’instruction au terme de sa garde à vue, il a été mis en examen pour « proxénétisme aggravé » hier.
Les enquêteurs de la BRP sont revenus sur les traces d’André P., surnommé Mme Esther ou la Lyonnaise dans le milieu. Déjà connu de leur service, cet homme est officiellement photographe et propose à des jeunes femmes de préparer leur « book». Mais les policiers ont découvert, au terme de longs mois de surveillance, que la Lyonnaise, lors de ces séances, persuadait certaines femmes de se livrer à la prostitution.
Le proxénète jouait alors les secrétaires. Il fournissait le studio de la rue de Grenelle à certaines prostituées, pour d’autres il prenait les rendez-vous avec des clients qu’il connaissait.

Moi, je les prenais tous pour amants,
Je commandais tous les régiments,
On m’appelait « Mâme la Colonelle »,
A Grenelle!

Mais ça me rapportait que de l’honneur,
Car si l’amour, ça fait le bonheur,
On fait pas fortune avec elle,
A Grenelle!

Bientôt je m’aperçus que mes beaux yeux
Sonnaient l’extinction des feux,
On se mirait plus dans ma prunelle
A Grenelle!

Mes bras, mes jambes, mes appâts,
Tout ça foutait le camp à grands pas,
J’osais plus faire la petite chapelle
A Grene-e-elle!

Aujourd’hui que j’ai plus de position,
Les régiments me font une pension:
On me laisse manger à la gamelle,
A Grenelle!

Ça prouve que quand on est putain,
Faut s’établir Chaussée d’Antin,
Au lieu de se faire une clientèle
A Grenelle!    Aristide Bruant

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