Pilou-pilou – l’Enfer

 

 

J’habite donc à « La Chantal ». Pourquoi pas « L’Alfred » ou « La Marie-Chantal »!
Non, finalement, Chantal n’avait rien de Marie-Chantal…

 

Mon appartement est là, au troisième étage :

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Vue de haut, « La Chantal » est l’extrémité d’un ilot de briques et de béton dans un environnement de villas cossues :

 

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Côté sud, je donne chez les bourgeois. Je profite de la vue de leur jardin, je hume leur bourgeoisie élégante et satisfaite.

 

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Et puis je traverse mes 50 mètres carrés et j’ai vue au nord sur un parking sinistre qui me ramène à ma condition d’économiquement souffreteux.

 

La Chantal est née au début des années 60. De mauvaises fées se sont penchées sur son chantier en ces années où le logement devait croitre et multiplier sans souci de qualité, de confort, de durabilité. La minceur des  cloisons m’évitait de souhaiter le bonsoir à mon fils puisqu’il pouvait profiter de l’onction parentale du voisin de droite, de l’autre côté du mur. Quant à moi, je profitais des râles nocturnes dus à la maladie de Parkinson de mon voisin de gauche. En haut à droite, une pimpante voisine allait dormir après minuit en claquant ses talons sur le carrelage.
La cage d’escalier est une vaste caisse de résonance. Ma porte consiste en deux planches de mince contreplaqué qui ne peut que servir de table d’harmonie à cet instrument diabolique qu’est le brouhaha humain. Ce fut la période des bouchons dans les oreilles pour survivre à la nuit, de la détresse quotidienne devant l’ennemi permanent qui faisait claquer les volets et prolonger les conversations dans les escaliers pour me pousser à bout de nerfs.
L’enfer…

 

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