Pilou-pilou – Le débarquement

 

 

Je m’étais fixé trois jours pour trouver à me loger dans mes nouveaux quartiers.

Comme base de départ de mon exploration immobilière, l’Hôtel de l’Amirauté s’imposait. Un hôtel languissant aux deux étoiles palotes qui disposait de chambres pour personnes seules, avec vue sur cour déprimante (depuis, l’Amirauté a pris du galon!).

 

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Le soir de juillet tombait, et le plan de Toulon indiquait plein sud un fouillis de ruelles qui ne pouvait être que la vieille ville. J’allai vers ces ruelles pittoresques teintées d’ocre et agrémentées de volets d’un bleu passé qui font le charme des villages méditerranéens.

Enfin, c’est ce que j’aurais pu voir si l’on avait été à l’intérieur des terres, mais Toulon est un port, avec ses marins,

 

tou2_marins

 

et la vieille ville présentait un pittoresque loin des canons touristiques classiques.

 

Je venais de découvrir « Chicago », quartier des plaisirs sordides du vieux Toulon. Une petite rue étroite menait au port, encadrée de bistros dont les lumières criardes éclairaient les jeunes femmes lasses aux tenues lascives qui en étaient les figures de proue. Au milieu de la rue, sous les regards blasés des dames, l’intellectuel égaré n’en menait pas large…

 

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Depuis, « Chicago » a vécu…

 

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Sa chute est décrite ainsi pas un spécialiste de l’histoire toulonnaise :

Pour réagir contre les conflits « racistes », les autorités ont pris toutes mesures utiles d’apaisement: interdiction aux matelots de sortir en ville en uniforme, démolition rapide des immeubles devenus symboliques du territoire contesté et déplacement des populations maghrébines. Le nettoyage par le vide étant accompli, un vaste plan de rénovation urbaine installera du béton résidentiel là où se trouvait la « basse ville ». Toulon étant la seule grande ville du littoral méditerranéen à avoir perdu toute sa vieille ville… peut être à cause d’un micro-climat particulièrement destructeur.

Remarquez les guillemets entourant le mot « raciste ». Par contre, « micro-climat » est laissé tel quel. C’est un bon exemple du dialecte local.

Rassurez-vous : la vieille ville existe encore. Très majoritairement, sa population est immigrée,et  peut-être est-ce ainsi qu’il faut comprendre sa « perte ».

 

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2 réflexions sur « Pilou-pilou – Le débarquement »

  1. Un peu de pub. On peut connaître Chicago par la lecture d’un petit livre assez enlevé de Gérard Mordillat – qui a porté le pompom en ces lieux – « Les Cinq parties du monde »…
    Ton traitement des cieux toulonnais semble d’époque , très fin des années 50. Il assure l’unité de temps …

  2. Je suis toujours étonné par le nombre de gens qui sont passés jadis par Toulon (Cendrars, Chagall…) quand je me rappelle le trou que c’était à mon arrivée. A croire que le souvenir du sabordage de la flotte a sabordé la ville !

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