Trois jours à Gênes

 

 

Que penser de Gênes avant même d’y aller ? De nombreux voyageurs prennent la peine de tenir blog et j’ai trouvé ceci : « Gênes m’a agréablement surpris ! La ville est dotée d’un centre historique extrêmement charmant, avec des petites ruelles aux multiples petits magasins de quartier, avec de jolies églises et, globalement, une ambiance méditerranéenne agréable et chaleureuse. » Il manque une petite notation sur la « focaccia » et on a un résumé du consensus.

Si l’on veut parler tout de suite du centre historique, voici quelques aperçus des ruelles du quartier, prises le matin d’un jour de fête religieuse:

 

 

blog29_8_16_DSC3467

 

 

blog28_8_16_DSC3456

 

 

blog28_8_16_DSC3465

 

 

blog28_8_16_DSC3188

 

 

blog28_8_16_DSC3442

 

 

Pourquoi ne pas avoir photographié ces rues alors qu’elles étaient animées ? A cause de ça :

 

 

blog29_8_16_DSC3213

 

 

Enfin, ce n’est qu’une tentative pour vous plonger dans l’ ambiance « pittoresque » du centre : des prostituées de partout, africaines et sud-américaines, avec leurs « protecteurs » à proximité. Bizarrement, les blogs consultés n’évoquent pas le sujet, mais on peut en trouver mention dans un site spécialisé dans les rénovations urbaines :

« La prostitution devient une cible de l’intervention urbaine et de la normalisation des espaces, notamment depuis 2007. La prostitution dans le centre historique connaît de multiples localisations, en fonction notamment de l’origine et du sexe des prostitués, et concerne à la fois des ruelles étroites, avec ses bassi, locaux au rez-de-chaussée des édifices, considérés souvent comme insalubres, et certaines rues importantes du centre historique, notamment via della Maddalena. L’éviction ne peut se faire directement, dans la mesure où la prostitution n’est pas illégale en Italie, à l’inverse du proxénétisme qui concerne une grande partie des prostituées nigérianes, de façon plus incertaine les prostituées venues d’Amérique Latine qui entrent dans le cadre d’une prostitution « consensuelle » liée à la nécessité de rembourser un prêt important (Abbatecola, 2005). »

Avec un petit aperçu de la situation « pittoresque » :

« Ces ruelles sombres apparaissent criminogènes. La presse locale dans les années 1980 et 1990 utilise l’expression nei carruggi pour localiser les crimes dans le centre historique : « nei vicoli della paura », « assassinio nei vicoli ». Le centre historique est réduit aux carruggi, sources de peurs urbaines. La désignation d’un quartier par ses paysages urbains les plus emblématiques pour signifier l’insécurité accroit l’idée d’une forme urbaine criminogène, à laquelle s’ajoute l’insalubrité. »

 

Bref, la visite rend mal à l’aise, malgré l’irruption soudaine de fenêtres de beauté au dessus d’une porte ou à l’angle de ruelles :

 

 

blog29_8_16_DSC3195

 

 

blog29_8_16_DSC3196

 

 

blog29_8_16_DSC3178

 

 

Heureusement, d’innombrables églises couvrent le quartier d’un voile de sainteté…

 

 

__________

 

 

 

Gênes ne manque pas d’églises, ni même de fidèles. La plus visitée est la cathédrale, San Lorenzo.

Elle est gardée par deux lions neurasthéniques et montre une belle façade de marbres disposés en rayures noires et blanches. Un esprit compliqué de la renaissance a réalisé, au pied des tours qui encadrent la façade, une sorte de marqueterie de marbre, peut-être le reflet de la compétition acharnée, dans tous les domaines, entre Gênes et Venise.

 

blog30_8_16_DSC3223

 

blog30_8_16_DSC3224

 

L’intérieur est solennellement ennuyeux, et l’on est accueillis par une dame patronnesse qui vérifie si la tenue des dames respecte la bienséance. Sinon, un foulard est prêté afin que la vue d’épaules affriolantes ne distraie pas les âmes pieuses.

Une fresque gothique (?) rappelle que l’église fut bâtie au 14ème siècle, et que le décor de la renaissance n’a fait que charger un édifice qui ne pouvait pas se défendre.

 

blog30_8_16_DSC3230

 

On quitte donc San Lorenzo sans regrets, pour visiter la perle baroque de Gênes, Santissima Annunziata. La façade (récente) est bâtie de marbre blanc austère. Passée la porte, on est éblouis par les dégoulinades de dorures violentes.

 

blog30_8_16_DSC3452

 

blog30_8_16_DSC3445

 

On parcourt la nef, mais l’œil peine à intégrer la richesse des décors, d’autant que les chapelles latérales résument le meilleur de la peinture baroque génoise.

On peut également s’émerveiller devant les sculptures hyper-réalistes de la crucifixion :

 

blog30_8_16_DSC3451

 

On sort terrassés par la richesse du décor, et on va revoir un peu de baroque à San Luca:

 

 

blog30_8_16_DSC3187

 

On frise l’indigestion, et on tente de trouver un peu de simplicité plus loin dans via della Maddalena, à San Pietro in Banchi. Mais là, la décoration surprend… Que font donc ces petits anges qui décorent les voutes ? Cet air d’extase est-il en relation avec cette main qui s’égare ?

 

blog30_8_16_DSC3192

 

Pleins de perplexité, on quitte les édifices religieux pour se réfugier au palais Spinola. Et là, on voit que cette ville n’est vraiment que débauche ! Une fresque explicitement gay nous nargue sur un plafond :

 

blog30_8_16_DSC3201

 

Demain, nous regarderons la ville de plus loin, la visite des monuments est vraiment trop éprouvante.

 

 

__________

 

 

 

 

Gênes est un port au pied d’une colline.

On peut donc, depuis le port, voir la ville s’étager sur les flancs de la colline :

 

blog31_8_16_DSC3263

et, depuis le haut de la ville, voir les différentes parties du port se partager la mer :

 

blog31_8_16_DSC3464

 

Derrière le drapeau, on distingue le port antique, depuis lequel Gênes dominait la méditerranée en ses siècles de gloire (13ème, 14ème…). Sa rénovation a été confiée à Renzo Piano en 1992, et le quartier d’apaches s’est transformé en un lieu de loisirs avec salle de spectacle, musée, aquarium.

 

blog31_8_16_DSC3235

 

La frontière entre le port et le reste de la ville est matérialisée par une passerelle pour automobiles plutôt datée qui augmente l’impression de gros foutoir que dégage la ville :

 

blog31_8_16_DSC3264

 

blog31_8_16_DSC3240

 

blog31_8_16_DSC3246

 

Avouons-le, le tout est assez sympathique, et, si l’aquarium est évidemment à éviter par toute personne qui respecte les animaux, le musée de la marine mérite le détour, aussi bien pour son étage consacré à l’émigration que pour sa terrasse d’où le point de vue est superbe:

 

blog31_8_16_DSC3268

 

blog31_8_16_DSC3266

 

Se rappeler à la fin de la visite du port que Christophe Colomb est né à Gênes, mais est parti d’Espagne à la découverte du Nouveau Monde (les Génois étaient riches, mais radins ?). On peut visiter à Gênes la maison de Christophe Colomb, qui est en fait une maison du 18ème siècle bâtie sur les débris d’une maison que Colomb aurait peut-être habitée… hum…

Quoiqu’il en soit, Gênes est un port !

 

blog31_8_16_DSC3330

 

 

__________

 

 

 

A part le centre historique et le port, que voit-on à Gênes ?

 

Quelques rues bourgeoises, dont la Via XX settembre :

 

blog1_9_16_DSC3186

 

La rue a connu récemment une malheureuse célébrité : les autorités compatissantes ont décidé d’accueillir dans un immeuble vide une trentaine de réfugiés, et les riverains ont violemment protesté contre cette atteinte à leur bourgeoisitude. On a déjà connu ça dans notre belle capitale.

 

La rue la plus célèbre est la via Garibaldi, qui abrite de nombreux palais et est inscrite au patrimoine mondial de l’humanité. J’ai oublié d’en prendre une photo, et voici ce que Wikipedia nous donne à voir:

 

Afficher l'image d'origine

 

Je n’aurais pas fait mieux. La Deutsche Bank est installée dans un de ses palais, et la cour donne sur un beau morceau d’Italie touristique :

 

blog1_9_16_DSC3177

 

Plus loin se dresse le Palazzo Rosso, édifice précieux puisqu’il abrite une très belle collection de peinture, et, surtout, d’agréables toilettes accessibles à toute personne qui n’est pas effrayée par la gardienne :

 

blog1_9_16_DSC3300

 

Plus loin dans la rue, un Atlante se gratte les poux et ça fait mal à voir :

 

blog1_9_16_DSC3214

 

En quittant cette rue trop ostentatoire, on arrive à un vrai point de vue sur l’architecture de Gênes:

 

blog1_9_16_DSC3462

 

La ville est constituée d’un empilement d’immeubles de styles très divers, ce pudding étant percé de nombreux tunnels à la décoration pompeuse, et l’entrelacs des rues est complété par les ascenseurs, funiculaire qui permettent de vaincre la verticalité.

 

blog1_9_16_DSC3468

 

Si l’on veut trouver une continuité dans l’architecture de la ville, c’est l’empilement de parallélépipèdes qui assure le lien entre le vieux Gênes et le nouveau quartier des affaires :

 

blog1_9_16_DSC3313

Boccadasse

 

blog1_9_16_DSC3311

 

blog1_9_16_DSC3346

 

blog1_9_16_DSC3307

 

L’aimable demoiselle qui nous a renseignés à l’office du tourisme nous a demandé avec anxiété comment nous avions trouvé la ville. Belle, évidemment… Elle y a à peine cru, et nous a répondu timidement que le patrimoine pourrait être mieux mis en valeur. C’est la conclusion qui s’impose.

 

blog1_9_16_DSC3461

 

blog1_9_16_DSC3459

 

Demain, nous longerons le front de mer pour apprécier les plages.

 

 

__________

 

 

 

Comment profite-t-on de la mer lorsque l’on est Génois ?

On peut prendre le bus, qui, après quelques tunnels et la traversée de quartiers intermédiaires, amène à Bocadasse ou à Nervi. La plage est exiguë, mais toute avancée sur la mer, rocher ou béton est utilisée pour se délasser :

 

blog2_9_16_DSC3315

 

blog2_9_16_DSC3318

 

Le littoral est découpé en territoires, bien isolés les uns les autres, ou tout un chacun trouve son bonheur.

 

blog2_9_16_DSC3322

 

Les plages sont privées, et les parasols les couvrent d’un réseau serré.

 

blog2_9_16_DSC3324

 

On peut remarquer, à droite de la dernière photo, un tas d’agrégats de la même couleur que la plage. Le « sable » serait donc le résultat du fin concassage de ces roches grises ? Celles-ci sont entreposées dans un immense hangar et le toit de ce hangar donne enfin un peu de liberté à ce littoral surexploité.

 

blog2_9_16_DSC3326

 

Si l’on est touriste, on peut découvrir le littoral plus lointain en se rendant en bateau aux « Cinque Terre ». Ce sont cinq charmants villages nichés dans les creux d’un littoral découpé, orné d’une luxuriante végétation méditerranéenne. C’est la description convenue, et elle contient sa part de vérité. Mais le 15 août, ce sont cinq enfers touristiques qu’il faut éviter à tout prix.

Vu de loin, tout est beauté et dolce vita:

 

blog2_9_16_DSC3360

 

Si l’on regarde avec attention le chemin qui mène au village, en bas à gauche de la photo, on voit la file quasi ininterrompue de marcheurs qui jouent à la chenille processionnaire de village en village. A l’intérieur des bourgs, les gares éjaculent par saccades leurs wagons de touristes avides d’authenticité. Par comparaison, les arrivées en bateau représentent l’accès le plus privilégié à ces villages.

Impossible de prendre des photos : la densité d’êtres humains est telle que l’on ne peut pas décoller les bras du corps. Une petite affiche ringarde dans une ruelle périphérique réjouit l’amateur de culture populaire :

 

blog2_9_16_DSC3377

 

et le retour à la plage replace dans la réalité :

 

blog2_9_16_DSC3379

 

Allez-y en février !

 

Les deux heures de bateau qui permettent d’accéder aux « Cinque Terre » offrent de beaux panoramas sur la cote ligure.

 

blog2_9_16_DSC3409

 

blog2_9_16_DSC3383

 

blog2_9_16_DSC3355

 

blog2_9_16_DSC3349

Portofino

 

Et retour à la civilisation :

 

blog2_9_16_DSC3438

 

blog2_9_16_DSC3401

 

Enfin le port de Gênes.

 

blog2_9_16_DSC3331

 

On n’a pas évité la foule, mais on a évité les coups de soleil… Il ne reste plus qu’à manger sur le port des pâtes ligures en méditant sur l’avenir écologique d’une telle planète.

 

__________

 

 

 

La conclusion de cette escapade se déroule dans les musées.

 

C’est parfois une histoire de cadre…

 

blog3_9_16_DSC3205

 

ou de plissés :

 

blog3_9_16_DSC3292

 

ou de posture:

 

blog3_9_16_DSC3298

 

d’accrochage…

 

blog3_9_16_DSC3259

 

 

Mais on préfère quand même regarder la peinture.

 

De beaux van Dyck

 

blog3_9_16_DSC3200

 

blog3_9_16_DSC3295

 

une belle Cléopâtre du Guerchin

 

blog3_9_16_DSC3281

 

et un regard qui fend l’âme

 

blog3_9_16_DSC3304

 

que l’on va confronter à l’écume :

 

blog3_9_16_DSC3422

 

pour le noyer dans la baie de Gênes

 

blog3_9_16_DSC3304b

 

 

__________