Récits ferroviaires – C’était le jour de l’attentat

 

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C’était le jour de l’attentat contre une école Juive de Villeurbanne . Le jour même, ou celui de la minute de silence. Le glas avait peut-être même sonné aux clochers des églises de Lyon.
L’après-midi, entre deux stations de métro, quelques jeunes braillards ont tiré le signal d’alarme et la rame s’est immobilisée dans le tunnel.
Ils riaient. Ils étaient les maîtres des lieux. L’un d’entre eux s’est assis à mes côtés. Dans un tunnel, une rame fermée, une situation bloquée, un jour d’attentat, on évite la confrontation. Après vérification, le métro est reparti.
Nous sommes descendus à la même station. Sur le quai, je lui ai dit : « Quand même, vous exagérez ! »
– Comment ça – s’est-il empressé de répondre – Comment ça on exagère ! Au contraire… On veut juste vérifier que ça marche !..
Il s’en sortait avec insolence et un sens certain de la répartie. Je lui ai fait crédit de sa mauvaise éducation, de sa bêtise, de son aptitude à s’en sortir, aussi . Et de quelque humour.
J’aurais nié l’évidence. J’aurais refusé de formuler l’innommable. Il était trop tôt, pour reconnaître dans cette vitalité dévoyée ce qu’aujourd’hui je n’hésiterais pas à nommer la Bête immonde et renaissante.

 

 

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Vigiepirate était à son acmé et la valise solitaire. En un clin d’œil la rumeur circula. Elle devint dans le wagon en émoi le point de cristallisation des angoisses post attentats. Les passagers se consultèrent. Les passagers tergiversèrent. Les circuits neuronaux susceptibles et immédiatement mobilisables en cette période, se mirent en branle à la vitesse de la lumière. La décision tomba, à la mesure de l’événement, avec la rapidité qu’imposait la situation.
On était encore dans des wagons à fenêtres ouvrantes…Un passager baissa la vitre. Avec des précautions de démineurs, deux apprentis héros, réglèrent son compte à l’objet suspect. La valise venait d’effectuer un saut dans l’inconnu quand l’homme revint du wagon restaurant, café en main…

 

 

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