Requiem – 3

 

 

blog24_11_15_MG_0035b

 

Dans le fer, dans l’acier, glacé, dur et muet
Forge un cœur et qu’il soit le tien, homme et viens !
Viens dans la ville du massacre, il te faut voir
Avec tes yeux, éprouver de tes propres mains
Sur les grillages, les piquets, les portes et les murs,
Sur le pavé des rues, sur la pierre et le bois,
L’empreinte brune et desséchée du sang, de la cervelle,
Empreinte de tes frères, de leurs têtes, de leurs gorges.
Il te faut t’égarer au milieu des décombres,
Parmi les murs béants, leurs portes convulsées,
Parmi les poêles défoncés, les moitiés de chambres,
Les pierres noires dénudées, les briques à demi brûlées
Où la hache, le feu, le fer, sauvagement
Ont dansé hier en cadence à leurs noces de sang.
Et rampe parmi les greniers, parmi les toitures crevées,
Regarde bien, regarde à travers chaque brèche d’ombre
Car ce sont là des plaies vives, ouvertes, sombres
Et qui n’attendent plus du monde guérison.

Hayim Nahman Bialik

 

 

__________

 

 

3 réflexions sur « Requiem – 3 »

  1. Les pierres, faible frontière entre le monde des morts et celui des vivants. Mais peut-être que le récipient est une mangeoire pour les oiseaux.

  2. Cette période de mort me permet d’utiliser toutes ces photos de cimetière à bon escient (?). Pour les illustrer, j’ai choisi de glaner dans l' »anthologie de la poésie yiddish » dans la collection poésie/Gallimard. Pour le moment, on est au cimetière de Lourmarin. Il ne faut pas compter sur la tombe de Camus, qui n’a vraiment rien de remarquable. J’espère que le récipient est bien pour les oiseaux, ce qui donne au moins une fonction aux lieux.
    Les pierres tombales sont probablement faites pour que les morts ne s’échappent pas. A Lourmarin, les stèles sont dressées, et les fantômes peuvent se dégourdir les jambes la nuit. Suivra un cimetière corse, où les morts sont clairement en prison. leurs assassins peuvent dormir tranquilles…

  3. La mort envahit tout en ce moment.
    je suis passée il y a longtemps à Lourmarin. La tombe de Camus ne laisse effectivement pas de souvenirs impérissables. Il vaut mieux lire Kamel Daoud – qui dialogue et interroge Camus comme personne avant lui, dans Meursault contre-enquête… et lire aussi les 4 nouvelles réunies dans « La préface du nègre »que d’aller attendre une apparition à Lourmarin. La tombe de Tchekhov non plus ne paie pas de mine. J’y suis allée quand même. Et de passage dans le coin je suis allée aussi sur la tombe de Katherine Mansfield – dont Virginia Woolf qui en était très jalouse – elle avait raison , ses nouvelles à KM sont des chefs d’oeuvre! disait qu’elle « puait comme une civette » .
    Pierre Bernard ne fera plus de maquette. Il est mort hier.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

  +  quatorze  =  vingt