Marée basse – elle était différente des autres

 

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Elle était différente des autres. Elle était isolée. Elle n’était pas liée aux autres. Elle n’avait pas de murs mitoyens. Ma mémoire me la restitue cubique, au milieu d’un jardin carré, sur un promontoire, exposée aux vents, aux regards. On disait: “elle a une vue magnifique! ”. Parce que voir la mer au bord de la mer reste un sacré privilège. Elle était veuve d’un mari marin dont je ne sais rien. Avec ce nom là, c’était une étrangère. Aucun lien de parenté avec les voisins, eux, qui avaient tous une arrière grand-mère commune. Son mari lui avait rapporté des nappes brodées et des tasses de Chine, des “ services à thé ” en porcelaine si fine…

Je revois les nappes, les minuscules serviettes, les tasses sur leurs soucoupes, le plateau à biscuits dont il fallait attendre interminablement le passage: “ Tu peux en prendre un si tu veux… “ et la couleur cognac du thé. Elles rajoutaient une rondelle de citron: acidité sur amertume. Je ne crois pas qu’elles aimaient vraiment cela. Ce n’était pas leur civilisation. Elles auraient préféré un café très noir et des gâteaux bretons. Mais il fallait bien se servir un jour de ces services à la porcelaine si fine.
Je n’aimais pas cette finesse là, ces anses là, ces tasses là et les “ belles choses ” rapportées là, dans cette maison trop propre de ménagère bretonne, qui me faisaient haïr jusqu’à l’idée même de la maison.

 

 

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