Promenons-nous dans les bois – 4

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C’était dans le Lubéron, près de Cucuron-les-Olivettes. Un chemin mène à l’Hermitage, petite église champêtre posée sur une crête. La montée est douce, et permet de réviser la flore méditerranéenne; genêts, chênes de toute sorte, pins, immortelles…

Mais le but, c’est de photographier ! Selon son tempérament, et son matériel, on peut traquer la bestiole sur la corolle des fleurs, tirer le portrait de la fleur elle-même, embrasser les vastes paysages que l’on découvre de la crête, s’arrêter au ciel, très pommelé ce jour-là, dénuder le modèle que l’on a pris le soin d’amener et lui faire prendre des poses lascives autour d’un chêne noueux. Mais je voulais photographier « la promenade », c’est-à-dire le mouvement, les buissons qui défilent, les branches à écarter.

Les merveilleux appareils numériques permettent de multiplier les essais de flou pour trouver le mouvement que l’on imprime au boitier et la vitesse d’obturation qui traduisent le sentiment du moment. Parce qu’il s’agit de sentiment, de sensation, de sensibilité.

Cette image convenait, sur le moment, et autant que le petit écran dorsal puisse le faire voir. Quinze jours plus tard, quand il s’est agi de la traiter (maltraiter), elle est apparue, comme toujours, dans toute sa platitude. Le mouvement était là, mais comment rendre le sentiment que la promenade est le mystère d’un monde qui se découvre à chaque pas.

Approfondir le mystère par le traitement, asperger de couleurs, changer les rapports de contraste, mettre en avant les taches jaunes des fleurs, ou le trou menaçant de la partie sombre qui donne naissance aux genêts. Beaucoup de calques, de masques, de rectification de courbes plus tard, l’image en était là :

 

 

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Il est bien connu que l’on peut juger de la qualité de la composition d’une photo en noir et blanc en la regardant à l’envers. Pour les photographies en couleur, je m’astreins à les convertir en noir et blanc pour vérifier si l’équilibre des densités est intéressant. Parfois, c’est la photo convertie qui, par la simplification du noir et blanc, permet de retrouver l’élan initial.

Quelque rectifications plus tard (gagner du détail dans les ombres, faire apparaître les pétales sur le chemin), un autre monde a été dévoilé, sous la couleur :

 

 

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J’étais arrivé au bout de ma promenade photographique, perplexe, comme toujours, devant l’infinité des interprétations. Où est le « réel » décrit par l’objectif ?

 

 

 

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