Encore Venise – Après l’acqua alta

 

Les 78 digues flottantes en cours de construction au large de Venise étaient censées protéger la Sérénissime des grandes marées ; mercredi 4 juin, elles ont en partie cédé, laissant passer les vagues d’un nouveau scandale politico-financier. Un de plus. A l’aube, les gendarmes financiers ont interpellé 35 personnes, soupçonnées de corruption, de trafic d’influence et de blanchiment dans le cadre des gigantesques travaux de ce projet baptisé MOSE (Moïse en italien), pour MOdulo Sperimentale Elettromeccanico.
Parmi les 100 personnes mises en examen, figurent le maire de Venise, Giorgio Orsini (Parti démocrate, PD, centre gauche), placé en résidence surveillée, et l’ancien gouverneur pendant quinze ans de la région, Maurizio Galan (Forza Italia, droite), encore protégé par son immunité parlementaire.
Selon les enquêteurs, le premier aurait financé, à hauteur de 400 000 euros, sa campagne aux municipales de 2010 avec de l’argent prélevé sur le budget de ce chantier pharaonique ; le second aurait fait réaliser, gratuitement, des travaux dans sa résidence par des entreprises participantes qui l’auraient en outre « salarié » pour un montant d’un million d’euros par an. Tous deux se disent « étrangers à ces accusations ». Lancé en 2003, ce projet devrait être achevé en 2016 (inachevé en 2019…). Son coût est passé de 2,3 milliards d’euros à 5,6 milliards.

Le Monde juin 2014

 

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