Les trous du mythe

Entre 1907 et 1930, Edward Curtis photographia ce qu’il restait des autochtones d’Amérique du nord.
En deux siècles, la population des Indiens avait chuté de près d’un million d’individus à environ quarante mille. Ceux qui restaient trainaient leur ennui, leurs maladies et leur alcoolisme dans des réserves déprimantes.
Mais c’est à l’Indien mythique que s’intéressait Curtis, et il fit poser ses modèles dans des costumes qu’ils ne portaient plus, dans des lieux où toute modernité fut maquillée, et dans des situations loin du quotidien de ces pauvres bougres. Un peu comme si l’on prenait aujourd’hui des photos de bretons en costume traditionnel, labourant leur champ d’artichaut en poussant un cheval de trait.
Dans la masse des clichés de Curtis, on peut trouver nombre de portraits, et ce qui m’a poussé à les revisiter, c’est la tristesse profonde du regard des vieux indiens, posant devant ce blanc blanc-bec en ayant encore en soi la violence des combats passés et la tragédie de la défaite humiliante.

 

Pour accompagner ces vieux guerriers, des passages de l’Iliade…

 

 

__________

 

 

blog4_6_16_3c06763u

 
« Sac à vin ! œil de chien et cœur de cerf ! jamais tu n’as eu le courage de t’armer pour la guerre avec tes gens, ni de partir pour un aguet avec l’élite achéenne : tout cela te semble la mort ! Certes il est plus avantageux, sans s’éloigner du vaste champ des Achéens, d’arracher les présents qu’il a reçus à quiconque te parle en face. »

 

 

__________