Colonnes

 

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Quant à la colonne, d’après Cellard et Rey dans leur Dictionnaire du Français non Conventionnel , elle devient « officiellement » un autre symbole phallique usuel en 1820, lorsque la colonne Vendôme est érigée à Paris et ses opposants la comparent à un phallus de bronze. Et, inévitablement, les mouvements alternatifs de polissage ou d’astiquage d’un tel objet n’ont pu que rappeler les va-et-vient propres à la masturbation, d’où l’expression « s’astiquer la colonne ».  Expressio.fr

 

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Il fit cette colonne ! – Avec sa main romaine
Il tordit et mêla dans l’œuvre surhumaine
Tout un siècle fameux,
Les Alpes se courbant sous sa marche tonnante,
Le Nil, le Rhin, le Tibre, Austerlitz rayonnante,
Eylau froid et brumeux.

Car c’est lui qui, pareil à l’antique Encelade,
Du trône universel essaya l’escalade,
Qui vingt ans entassa,
Remuant terre et cieux avec une parole,
Wagram sur Marengo, Champaubert sur Arcole,
Pélion sur Ossa !

Oh ! quand par un beau jour, sur la place Vendôme,
Homme dont tout un peuple adorait le fantôme,
Tu vins grave et serein,
Et que tu découvris ton œuvre magnifique,
Tranquille, et contenant d’un geste pacifique
Tes quatre aigles d’airain ;

À cette heure où les tiens t’entouraient par cent mille ;
Où, comme se pressaient autour de Paul Émile
Tous les petits romains,
Nous, enfants de six ans, rangés sur ton passage,
Cherchant dans ton cortège un père au fier visage,
Nous te battions des mains ;

Oh ! qui t’eût dit alors, à ce faîte sublime,
Tandis que tu rêvais sur le trophée opime
Un avenir si beau,
Qu’un jour à cet affront il te faudrait descendre
Que trois cents avocats oseraient à ta cendre
Chicaner ce tombeau !
Hugo

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